Thomas, l’expertise au service des données
Rencontre avec Thomas, directeur technique de Silbo. Avec lui, on va parler de numérique, de données, d’interopérabilité mais aussi d’esprit d’équipe et de bienveillance. Tous les ingrédients pour une approche constructive de la e-santé.
Commençons par les présentations : depuis combien de temps travailles-tu pour Silbo et à quel(s) poste(s) ?
Cela fait maintenant deux ans et demi que je travaille pour Silbo. J’ai commencé en juin 2019 en tant que développeur. C’était un poste très technique, dans lequel je faisais surtout du développement pur et de l’analyse. Au bout d’un an et demi, j’ai pris le poste de directeur technique. Je conduis maintenant l’ensemble des travaux de développement de nos systèmes.
Quels sont les différents aspects de ton travail ?
Il y a tout d’abord un volet technique, où je définis les « best practice », les méthodes qui structurent notre système. Je reste en veille sur les nouvelles technologies et les standards du secteur de la santé.
Un deuxième volet de mon travail est lié à la croissance de notre activité : le nombre de clients augmente et notre équipe aussi. Il y a donc une bonne partie de management. Cela passe par le recrutement de nouveaux talents : ce sont des personnes qui arrivent avec une solide culture tech et nous devons les familiariser à notre secteur d’activité bien particulier. L’équipe technique comptait une personne à ses débuts, nous sommes sept aujourd’hui ! Entretenir la cohésion de l’équipe, challenger les collaborateurs, faire en sorte qu’ils soient à l’aise au travail et qu’ils s’y plaisent est une mission qui me tient à cœur.
Enfin, un dernier volet consiste à rester en contact direct avec nos utilisateurs. Plus que de simples clients, ce sont pour nous des partenaires. Notre cœur de métier est l’informatique. Leur cœur de métier reste la santé, mais l’informatique est un outil précieux pour eux. A nous de mettre au point des outils performants et adaptés à leur activité, en maintenant le dialogue avec eux.
La donnée est au cœur du fonctionnement de Silbo. Pourrais-tu nous expliquer en quoi consiste l’interopérabilité des données ?
L’interopérabilité désigne le fait que deux systèmes informatiques puissent communiquer entre eux. Il s’agit de mettre en place un langage commun, compris par chacun des deux systèmes.
A l’échelle mondiale, il y a plusieurs standards dans le secteur de la santé qui ont été mis en place dans les années 1990. Le plus répandu est le HL7(1), un organisme qui est dans une logique de partage et d’accessibilité des ressources. En quarante ans, de nouvelles versions ont été produites. En France, les établissements sont encore majoritairement restés sur la V.2. Comme d’autres start-ups qui opèrent dans la santé numérique, on pousse les établissements à passer à la V.4 FHIR (2), déjà opérationnelle dans les pays anglophones, qui permettra encore plus de possibilités dans le traitement des données.
Silbo pousse le concept plus loin et mise sur l’accessibilité et la réappropriation des données par les établissements, pourquoi ?
Ce sont les patients qui sont – et qui seront toujours – propriétaires de leurs données médicales. Les établissements en ont besoin pour soigner, mais ils n’ont pas assez d’outils pour en tirer parti.
« L’approche de Silbo est de rendre les données facilement accessibles et extractibles pour que les établissements puissent mieux s’en servir »
Prenons un exemple assez simple : si vous demandez aujourd’hui à un établissement combien de patients il a à un moment T, c’est compliqué. C’est une donnée qui est fluctuante, il faudrait plusieurs coups de fils aux différents services pour avoir la réponse. En rendant les données accessibles, l’établissement peut avoir la réponse en un coup d’œil sur un écran.
Actuellement les données restent trop souvent cloisonnées et certains systèmes demandent des développements très coûteux pour les « traduire » et les rendre exploitables. Chez Silbo on pense que les établissements doivent pouvoir se les réapproprier, ce sont des outils précieux pour améliorer leur fonctionnement en interne et entre établissements.
Pour les acteurs de la santé numérique, le fait de décloisonner les données ouvre la porte à de belles innovations au service des soignants.
Pour toi, quels sont le ou les point(s) forts de Silbo ?
Le point fort de Silbo, c’est son approche : on n’impose pas notre solution à nos utilisateurs, on la construit avec eux et à l’échelle de plusieurs établissements. J’insiste sur « les » établissements, car c’est cela qui nous permet de garder une approche globale, qu’on peut reproduire et adapter facilement à plusieurs hôpitaux.
Un autre point fort de Silbo est de former une équipe dans laquelle il y a une forte culture de la responsabilité. Chacun d’entre nous est entièrement porteur du projet Silbo. Ce qui nous permet de travailler dans un vrai esprit d’équipe, respectueux et bienveillant. C’est pour moi la base d’une bonne qualité de vie au travail.
Ta plus grande satisfaction dans ton travail ?
Le retour des soignants qui me disent « c’est super, j’ai gagné du temps grâce à votre application ». Parfois notre travail peut concerner un détail minime, par exemple placer un bouton supplémentaire sur l’interface.
Si on passe une journée à développer ce nouveau bouton et que ça leur permet de gagner une heure par jour, c’est tant mieux ! On a la grande satisfaction de se dire que les patients pourront avoir une heure de soins en plus et ça, c’est génial.
A la tête des opérations techniques de Silbo, Thomas met son expertise au service des données pour les rendre toujours plus utiles aux établissements de santé. Un travail d’équipe, mené avec sensibilité et bienveillance, qui facilite les journées de travail des soignants.
(1) HL7, « Health Level 7 », est une organisation à but non lucratif dédiée au développement de l’interopérabilité des données de santé.
(2) FHIR, « Fast Healthcare Interoperability Resources », est un standard décrivant des formats de données et une interface de programmation applicative (API) pour les échanges des informations médicales.